EXTRAITS : Passion trompee, soleil chaud et froide vengeance

Ces extraits offerts vous permettront de vous imprégner de ce roman, au gré de quelques pages ...
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CHAPITRE 1 :
A la découverte d’un autre monde

     CHAPITRE 2 :  Immersion professionnelle originale

Après cinq heures de vol en provenance de Paris-Roissy-CdG, l’Airbus d’Air France AF807, survole de vastes territoires d’Asie centrale, puis il penche à droite pour se diriger vers la capitale qu’il atteindra dans vingt minutes.  L’approche s’effectue en douceur dans un épais brouillard ne permettant pas de jauger le sol, qui surgit soudain, blanc immaculé, bien que ce soit début mai.

En Zyldavia, l’hiver est précoce, mais les neiges se maintiennent sur la terre froide jusqu’à juin. L’avion prépare son approche vers l’immense ville qui se dessine à l’horizon, précédée d’une blanche étendue,  égayée par des lacs que la température printanière commence à dégeler. À la lisière des forêts, quelques hameaux fument toujours et plus loin la steppe à perte de vue reprend ses droits. Dans ces contrées encore sauvages tressautaient jadis les grandes caravanes, chargées d’étoffes et d’épices, qui tentaient d’atteindre des cités perdues ou certains villages de petite altitude. Apparaissent déjà les premiers faubourgs et Ivan découvre par le hublot, une mégapole qui semble se perdre aux confins du territoire. L’Airbus prend l’axe de la piste et se pose en douceur. L’aéroport, peu lumineux et d’architecture austère s’étale en tristes couloirs mal éclairés. Les grands panneaux directionnels sont écrits dans la langue du pays, ainsi qu’en anglais, permettant au jeune homme de mieux s’orienter. Dans le vaste hall principal, un monumental soldat en bronze, fusil au poing, rictus conquérant aux lèvres, témoigne d’une révolution passée.

Après avoir récupéré ses lourds bagages, il monte dans un taxi qui le conduit à l’hôtel indiqué trois jours plus tôt, par l’adjointe du recrutement général de la société dans laquelle il a postulé.
Dans un parfait anglais, tout en roulant les  »R », le chauffeur de taxi précise que cette adresse se situe à l’opposé de la capitale. L’absence de boucle périphérique, lointain projet de construction, nécessite donc de traverser cette immense ville.

  • « Tourist ? » demande-t-il.« Non, je viens me présenter à la direction de l’Atlantyde qui possède des campusiums de vacances dans le monde entier. »

Le chauffeur assure bien connaitre cette organisation et après quelques échanges, il souligne que la Zyldavia est fière d’avoir répandu dans de nombreux pays, son savoir-faire en matière de tourisme, avec une formule si originale.

  • « Souvent, je transporte des employés vers le siège de l’Organisation ou vers l’aéroport. Beaucoup passent par Ragrad surtout deux fois par an, au changement d’équipe dans les hôtels. Pendant des années, l’Atlantyde est restée opaque sur son fonctionnement. On savait juste que c’était une grosse société dans le tourisme, mais rien de plus. La population de la capitale était intriguée par le  »Taj », ce bâtiment monumental de la direction, tout le long de la place Klatz. Depuis quelque temps, le grand patron de l’Atlantyde passe régulièrement à la télévision pour nous expliquer les avantages de cette nouvelle formule de vacances. Donc, on comprend mieux comment ça fonctionne. Il a l’air très communicant et il sait bien aussi se servir des médias. Il permet au pays d’attirer beaucoup de devises et on découvre avec les reportages, de beaux paysages exotiques et des hôtels magnifiques. Ça semble toujours agréable, car les touristes rient aux éclats avec un cocktail fleuri à la main, mais c’est sûrement cher pour nous. Le patron de l’Organisation  nous a promis d’ouvrir bientôt des campusiums dans nos villes côtières à des prix très attractifs pour les travailleurs L’Atlantyde est une vraie ‘’pépite’’, vous verrez c’est le paradis. »

Tout en l’écoutant, Ivan découvre la capitale avec ses maisons quasi identiques alignées au cordeau, chapeautées d’ardoises gris perle et bâties en gros blocs grenat. Le ciel bleu pur réjouit les façades plutôt monochromes de cette capitale trop austère, heureusement enrichies par des ouvrages d’une finesse extrême. Bleu-pastel, certains palais d’antan rutilent de grilles dorées, de colonnes profilées, de balustres et de balcons. Les multiples fenêtres croulent sous les ornements, les stucs et les bronzes verts.

Imprégné d’une véritable ferveur et d’un amour inconditionnel, ce peuple a construit, par le passé, des édifices religieux chrétiens, islamiques ou orthodoxes qui aujourd’hui enchantent le regard des touristes. En contraste architectural, les nombreux bâtiments administratifs dégagent une influence rigoureuse, pour ne pas dire militaire. Les magnifiques mosquées supportent de larges coupoles dorées à l’or fin ou peintes en bleu ciel étoilé, étincelant de splendeur. Quelques temples ciselés de bas en haut, flanqués de tourelles inégales en volume et en hauteur, mais coiffées de dômes chatoyants, semblent se blottir pour se préserver des frimas. Malgré son blanc manteau de début mai, Ragrad, la ville aux mille clochetons, s’éveille en douceur au printemps. Le  chauffeur de taxi roule à faible allure, laissant Ivan apprécier, les yeux grands ouverts, toutes ces merveilles. La circulation n’est pas très dense et les habitants marchent avec peine sur la neige fondue des larges trottoirs glissants. La Zyldavia éprouve, en octobre, les premiers sursauts de l’hiver avec quelques chutes de neige. Puis les frimas se prolongent jusqu’à fin mai qui réchauffe  le  sol,  par  les tardives et très  timides ardeurs printanières. Immaculée, la nature endolorie ressuscite alors en verdoyantes plaines, en vallées profondes et en bourgeons prometteurs.

Au cœur de la ville, les larges artères s’ouvrent sur d’immenses places rectangulaires, rondes ou carrées, au centre desquelles trônent un arc de triomphe ou une imposante statue, mais souvent aussi, un monument alourdi de fioritures baroques. Des esplanades aux dimensions plus modestes sont agrémentées de splendides fontaines en pierre, incrustées de bronze terne. Ivan s’étonne de ne voir que très peu de grands panneaux publicitaires dans les avenues, de plus ils sont peints à la main.  Avec  timidité, la Zyldavia s’ouvre à la consommation de masse, soumise de ce fait aux balbutiements de la fée Publicité et par conséquent, se dessine déjà, le début de la fin.

 

Au fond de la vallée encadrée de monts abrupts, le petit groupe de débutants descend du train dans une gare pittoresque où les attend un minibus de l’Organisation. Puis, ils s’élancent à l’assaut de l’imposante montagne par une route sinueuse. Avec un temps maussade, la brume dissimule la cime des sapins bordant le chemin. Le trajet commence à s’éterniser dans les entrelacs, quand soudain, la station apparait dans un rayon de soleil, sur le flanc opposé. Dès l’arrivée, Ulla la swami-directrice les accueille chaleureusement, devant l’hôtel à la descente du minibus. Elle est ravie, quelques jours avant l’ouverture de la saison, de voir débarquer ses ‘’frais’’ animateurs, surnommés les AJT (Animateurs Jeunes & Talentueux). Les vacanciers (Adorables Globe Trotter) ne sont attendus que dix jours plus tard. Filiforme, un peu efflanquée, elle arbore un grand chapeau de paille fleuri, un collier de coquillage, mais aussi un regard scrutateur pétillant et un large sourire.

Son accent du nord de l’Europe, dans un parfait Français, agrémente la panoplie. Nordique, Ulla n’est ni belle, ni disgracieuse, mais un brin masculine et son style global si particulier, dégage un ‘’je-ne-sais-quoi’’ attirant toutes les attentions. Exubérante, elle les convie à se réunir le soir même dans ses appartements avec les cinq responsables déjà arrivés deux jours avant. Le gros des troupes clôturant la série arrivera dans une semaine. Ce court délai suffit aux différents chefs de service et à leurs adjoints, pour finaliser leur mise en place avant l’ouverture de la saison. Ulla expose sa vision des quatre mois à venir, ses objectifs et ses attentes dans ce bel hôtel en précisant que son titre de swami induit le respect hiérarchique, mais certainement pas la crainte. Amie, elle les défendrait si nécessaire face à des remarques ou critiques de touristes, mais uniquement si c’est justifié. En retour, elle exige de l’honnêteté et une confiance mutuelle. Cette sympathique soirée bien arrosée et volubile réchauffe les cœurs, déjà chauds, surtout à vingt ans. Dès le lendemain, Ivan s’affaire auprès de son responsable, arrivé cinq jours plus tôt, à la mise en place du service. Il doit faire vite et bien, car chaque minute compte pour être dans les temps impartis jusqu’à l’ouverture de l’hôtel, autant dire qu’il débute les journées très tôt pour les finir très tard. Yoni, son gentil chef de service, l’a accueilli amicalement, d’autant qu’il a été recruté et dirigé, quinze ans auparavant par le fameux Paul Edouard Mary Durand, oncle d’Ivan.

Avant l’arrivée du jeune aide-économe, Yoni a apparemment été informé de cette illustre parenté. Ainsi, Yoni promet à son adjoint débutant dans l’Organisation et dans ce service, une excellente formation, où au plus vite il pourra assimiler les rouages, les spécificités et obligations pendant quatre mois et demi. De longueurs différentes, un contrat varie de quatre à six mois en fonction des destinations. Quelques jours plus tard, Ulla et son petit groupe rapproché accueillent comme il se doit, à la descente des deux grands bus, l’équipe de 95 AJT pour débuter la saison dans juste trois jours. Ainsi réunie, toute l’équipe d’animateurs doit finaliser la mise en place totale, prendre ses repères et passer le reste du temps à répéter les spectacles qui assureront un éventail sur trois semaines. Bien entendu Ivan est aussi mobilisé et les répétitions des deux nuits suivantes vont le propulser vers de nouvelles découvertes et de nouveaux plaisirs. Pour l’ouverture, toute l’équipe est sur le ‘’qui-vive’’, tous, frais et dispos malgré la lourdeur des journées précédentes et une partie des nuits à répéter. Aujourd’hui, ils plongent dans le vif du sujet en se partageant dans la joie et la bonne humeur, l’accueil des AGT, ravis d’être si cordialement reçus.

L’Atlantyde est réputée depuis longtemps pour sa haute convivialité, mais d’abord et surtout pour la surprise généreuse aux arrivées des AGT, toujours ‘’en fanfare’’ à la descente des bus devant l’hôtel. C’est un indéfectible rituel coloré, toujours en musique, parfois en chansons, avec bien entendu de larges sourires, des centaines de “Bienvenue” et des regards rieurs pleins de bienveillance. Tous ces signaux et ces codes intiment à chaque AGT son importance pour l’Organisation. Ainsi les swamis et leur staff, suggèrent aussi en message subliminal que tout le monde fera son maximum, pour les satisfaire et optimiser un séjour inoubliable. Bien entendu, à la fin de la semaine, un départ en fanfare aura également lieu avec parfois la larme à l’œil et des remerciements pour tant de bonheurs partagés.

L’Atlantyde est vraiment Maîtresse en la matière pour distiller ces rites perpétuels, pour rendre si important l’instant génial d’accueil et de départ, qui restent des moments clefs à la réussite d’un séjour. Jadis, dès les premiers vacanciers, descendant du premier bus, le premier jour d’ouverture du premier campusium de l’Atlantyde, il a été décidé d’offrir la récurrence d’une arrivée généreuse.Il la fallait musicale, rythmée, colorée, heureuse, avec colliers de fleurs et des cocktails de fruits en bienvenue. Également étaient obligatoires, un code couleur uniforme, blanc ou rouge, mais aussi des chemises à fleurs, boubous, djellabas ou des paréos  permettant alors, d’envoyer une belle image positive. Depuis, ce “modus operandi” instille encore à tous les arrivants, une notion de bonheur total, inspirée d’une arrivée à Tahiti, image iconique du paradis sur terre, si bien-sûr on a la chance d’y aller un jour. Ce modèle, si bien rodé, perdure depuis des années malgré la fréquence hebdomadaire, voire plus, partout dans les dizaines de campusiums du monde entier.

L’intention généreuse de faire plaisir aux AGT, (les gentils clients), est palpable, bien ressentie par les intéressés et toujours très appréciée. Dirigé cette saison par Ulla, l’hôtel se remplit progressivement des cinq cents touristes, ce qui provoque un incessant mouvement de mise en place. Le rythme est cadencé par l’équipe d’AJT qui passe la matinée pour les uns, à accueillir en musique au pied des bus et pour les autres, à accompagner en mode sympa’, les vacanciers, jusque dans les chambres. La tradition est de porter les valises, de répondre aux premières questions et de les inviter à participer à la conférence d’accueil. Un des piliers de l’organisation est de les recevoir toujours avec cette sympathie non feinte, sans accepter un quelconque pourboire. Dans toutes les chambres, le personnel de service a déposé le matin des bristols de bienvenue.  Certains invités de marque découvrent aussi sur la commode, un joli bouquet, une corbeille de fruits, voire une bouteille de champagne pour les ‘’VIP’’….

CHAPITRE 3 :
Un pays si envoûtant

CHAPITRE 4 :
Magouilles ou quiproquos ?

A presqu’une heure du matin, l’avion se pose lourdement sur l’aéroport de ce pays mythique. Les passagers descendent de la passerelle sur un sol chaud, dans une torpeur nocturne qu’Ivan n’a jamais connue au milieu de la nuit. Ils traversent le hall désert à la propreté relative, où flotte une forte odeur de ricin. Dès qu’un étranger foule cette terre bénie des dieux, il ressent un irrésistible appel, une attractivité étrange. Cette mystérieuse sensation est palpable dans cette lourde atmosphère, aspirant dans le temps, tous ceux qui y ont posé le pied. Ivan récupère vite ses bagages sur un tapis fixe, où les valises et divers paquets, ballots et malles glissent péniblement, à la seule force des bras des bagagistes, qui poussent derrière la masse accumulée. La note autant comique qu’étrange est provoquée par l’arrivée d’un homme avec ses deux chèvres provenant d’un vol intérieur qui s’est posé quinze minutes auparavant. Ivan a peu voyagé, mais ce séjour promet déjà d’être aussi dépaysant que fantastique. Le garçon suit le mouvement du groupe attendu par une hôtesse de l’Atlantyde dans le hall d’arrivée, un grand panneau à la main. La traversée d’une ville à deux heures du matin est toujours une découverte qui  peut  s’avérer  impressionnante  dans certains  cas. C’est une capitale sillonnée de larges avenues qui semblent en travaux, éclairées par des lampadaires d’un autre temps, qui diffusent un halo d’intensité différente sur les murs ocre. À vive allure, l’autocar traverse cette métropole, de quartiers sombres aux multiples ruelles interlopes, en quartiers chics aux façades désuètes d’inspiration anglaise et évidemment très éclairées. Sur le trajet, le chauffeur est plusieurs fois ralenti par les différentes zones de travaux.

Dans ce pays écrasé de chaleur, les entreprises priorisent le travail nocturne, dont la température, bien que très chaude, est cependant plus clémente qu’en plein jour, pour obtenir un meilleur rendement. La circulation plus fluide en pleine nuit est remplie de fréquents klaxons, mais en journée, c’est assourdissant. Le bus s’arrête enfin devant une citadelle mauresque aux grandes portes ouvragées. Le groupe descend du long véhicule défraîchi et cabossé. On perçoit derrière les murailles, un ‘’tamtam’’ sourd et, semble-t-il,  des cornemuses locales. D’un coup, la puissance crescendo envahit l’atmosphère au gré de l’ouverture majestueuse de ce grand portique, images, sons et parfums inoubliables, d’une arrivée nocturne dans un pays envoûtant.

Apparaissent alors, de part et d’autre de la grande allée, deux chevaux arabes harnachés et tenus en bride. En tenue locale, l’équipe d’une trentaine d’animateurs frappe des mains au rythme de la musique. Positionnée en entonnoir,  la première ligne est composée d’un quorum de musiciens du pays en costumes typiques, jouant des airs orientaux vifs et entêtants. Certains AJT portent des flambeaux avec maestria, tout en souhaitant la bienvenue, à trois heures du matin dans ce palais qui fut jadis royal, au cœur de cette immense capitale. L’environnement aux effluves divers plonge les nouveaux arrivants dans une magie qui a débuté en posant le pied sur le tarmac. Elle s’est poursuivie en traversant les grandes avenues, pour aboutir à une arrivée féerique, dans une oasis intemporelle. Devant eux, une large allée pavée partage une forêt vierge de palmiers, banians et aloès. Les chambres se succèdent dans une architecture très coloniale de style bungalows à un étage, tout en longueur et parcourue de coursives. Ils s’étalent sur une trentaine de mètres et ce format est dupliqué plusieurs fois dans cette forêt magique et odorante encerclée par des murs de citadelle et quelques tours de gué.

De vieux lampadaires victoriens torsadés jalonnent les chemins se fondant au cœur de cette végétation qui, au gré de la nuit, diffusent des halos ocre et jaunes sur une végétation généreuse, métissée d’ombres par endroits. Le groupe de touristes est fatigué par le voyage et par l’arrivée tardive, dans cette chaleur nocturne. Aussi, on les reçoit confortablement, dans une clairière entourée de flambeaux, afin d’intimiser l’endroit, en vue d’une collation, pour se remettre de leur périple. Ivan respire à pleins poumons et se régale de cette ambiance enrichie par le calme de la nuit et par les parfums d’Orient, en ce lieu luxueux quasi endormi, sous un ciel clair et très étoilé. Il ne reste que quelques heures, puisque demain, il redécolle pour son campusium d’affectation.

Au matin, après un petit déjeuner en extérieur dans cette oasis, il monte dans le taxi qui le mène à l’aéroport et traverse la grande capitale, si différente sous le soleil. La population est aussi dense sur les trottoirs que sur les avenues, dans un désordre organisé. Ivan est entièrement subjugué par la chaleur ambiante du matin, le tumulte de l’immense ville et les fragrances épicées. Il se projette déjà sur ce qui l’attend dans quelques heures. Les vents permanents du désert alentour, souvent doux, parfois violents, nappent les voitures d’une épaisse poussière qu’il est inutile de nettoyer, car elle retombe vite. Dans cette ville éprouvante, beaucoup d’automobilistes roulent sans permis et donc sans assurance. D’autres ont acheté via un bakchich, la  »possibilité » de conduire, mais pour une bonne partie d’entre eux, cela ne les empêche pas de fuir, au moindre accrochage. De fait, les voitures neuves ressemblent vite à des épaves, que très peu réparent ou bien en mode approximatif.

Peu respectueux des priorités à droite, les conducteurs anarchiques débouchent de toute part et s’arrêtent aux feux rouges suivant l’humeur, ou bien leur urgence relative ou tout simplement le bon fonctionnement de cette balise. Quand un agent zélé les siffle, du haut de son promontoire protecteur, au centre d’un carrefour, ils obéissent ou pas, sachant qu’il y a toujours moyen de s’arranger grâce à un discret viatique. Cette pieuvre méandrique, dont les bras s’estompent dans le désert, résonne d’un perpétuel brouhaha, que les klaxons dominants rendent assourdissant. Les chauffeurs conduisent vraiment tous avec la main sur l’avertisseur, par habitude ou par crainte du danger. En cœur de ville, ou le long des grandes avenues périphériques, tous les véhicules sont garés les uns collés aux autres, avec juste cinq à dix centimètres, entre les pare-chocs. C’est ainsi, partout dans le centre stratégique, ce qui ne laisse que très peu de place aux piétons pour traverser, les obligeant aussi à utiliser les passages balisés. De même, sur les parkings à ciel ouvert, parfois sur un terrain vague, même en pleine ville, un gardien assis sur une chaise de …

L’amertume du sentiment profond d’avoir été l’objet de basses manœuvres s’est estompée. Elle laisse place au plaisir de retrouver ce cadre, riche en souvenir de l’été passé, théâtre de sa première saison et de sa découverte de l’Atlantyde. Peut-être reverrait-il des copains ? Précisément, quelques AJT sont revenus dans ce campusium, mais eux par choix. À son arrivée, Stavros le swami, l’accueille chaleureusement à la grecque. Ce nouveau ‘’patron’’ parait très ouvert, mais Ivan reste encore sur ses gardes, puisque ‘’chat échaudé craint l’eau froide’’. Cependant, il recevra en fin de contrat, un excellent rapport, preuve qu’en effet Stavros est un swami bienveillant, qui confirme qu’Ivan remplit bien, tant ses fonctions à l’économat que d’animateur. Lors de la dernière semaine de saison dans tous les campus’ de l’Atlantyde, les chefs de service décernent un rapport circonstancié sur le comportement et les aptitudes au sein du service concerné. Puis le relais est pris par les swamis, qui ajoutent une appréciation plus généraliste quant aux qualités d’animateurs de jour et de soirée, ainsi qu’aux  talents scéniques avérés. Certains swamis abusent largement de leur titre, s’arrogeant plus de pouvoir qu’un simple directeur d’hôtellerie conventionnelle, profitant  ainsi, d’une cour à leurs pieds. En toute logique, un excellent rapport garantit ou presque de repartir la saison suivante et possiblement vers une belle destination. L’inverse est vrai aussi, car il y a parfois des illogismes et du favoritisme. Combien d’AJT très moyens, voire nuls, sont partis vers des destinations de rêves ?  Il suffit pour cela, d’avoir pour raison X ou Y,  la ’’cote d’amour’’ favorisant l’appui et le coup de piston. L’Atlantyde n’a rien inventé et elle n’échappe surtout pas à cette règle d’iniquité, c’est partout pareil, tant dans le privé que dans le public et ainsi va le monde. Ivan, plutôt naïf de base, commence à le comprendre et s’en moque. Mais quand on débute dans la vie professionnelle, on n’a pas toujours, la perception nécessaire à  comprendre de suite toutes les subtilités du monde du travail.

À l’Atlantyde, les cartes sont ‘’pipées’’, puisque c’est un emploi, un vrai boulot, très étiré dans la journée, donc pendant des semaines et des mois, sans repos. C’est un job à double casquette, mais dans un cadre si atypique, que ce flou permanent ne permet pas de bien apprécier ni bien distinguer le fait qu’on travaille tout le temps. Pour l’instant, Ivan découvre sa première saison d’hiver, où il est arrivé quinze jours après l’ouverture. D’habitude, c’est quinze jours avant. Dans ce campus’, l’esprit est surtout sportif, tout est articulé autour du ski, pour le plus grand plaisir de tous. Quelle différence, avec ce tombeau planté au milieu du désert, où le jeune animateur a passé trois mois de quasi-inactivité, d’incertitudes, d’inquiétudes et de malaise, avec en prime des magouilles qui l’ont  très affecté !

À nouveau, l’énergie d’un campusium le remplit de forces et de convictions pour réussir sa saison. L’hôtel qu’il connait déjà est à sa ‘’pointure’’, avec beaucoup d’animateurs, ainsi qu’une équipe de moniteurs de ski dotés d’un statut différent, participant  à l’animation, s’ils en ont envie. Ivan se fond dans la masse et s’éclate à nouveau sur scène, car même en arrivant deux semaines après l’ouverture, il est repéré par le régisseur et intégré sur le champ. Très toniques, les spectacles provoquent une ambiance incroyable et un terrible impact sur les AGT, tous venus pour le ski, mais pour profiter aussi des spectacles, de la ‘’boite’’ ainsi que de tous les plaisirs annexes. Le dynamisme de l’école de ski motive tant les AGT que les AJT. Beaux et bronzés, ils et elles évoluent dans des tenues seyantes très colorées.

 

Les touristes fascinés, leur offrent régulièrement des ‘’pots’’ au bar, car ces filles et ces gars, sont un spectacle en soi, on a envie de les approcher, de se marrer avec eux et plus si affinité, objectifs faciles à atteindre. Suivant leur échelon, leur salaire  est déjà nettement supérieur à celui des AJT, de plus, en fin de semaine, ils reçoivent tous ou presque des ‘’pourboires’’. Quoi qu’il en soit, tous les ‘’monos’’ bénéficient  d’abord, de dons en nature si je puis dire. Les vacancières tombent, on s’en doute, comme des ‘’mouches’’ devant les yeux bleus lagon, le hâle tropézien et les boucles blondes ou brunes de ces demi-dieux. C’est vrai qu’en ces temps-là, on croisait beaucoup de boucles masculines et de torses poilus, mais aucune palanquée de jeunes chauves avec barbe et torse épilé, car les temps changent, les modes, les looks et les pilosités aussi. Toutefois, ce qui n’a pas changé du tout, sont ceux qui ‘’lèvent’’ le plus de filles, restant toujours ceux qui en parlent le moins. Eux, ils agissent. Le nouveau responsable de service de l’économat est Yougoslave, rapidement Ivan l’a surnommé Popov. Son adjoint attitré répond au nom de Rémy. Faisant fonction de ‘’second-adjoint’’, Ivan ne peut s’empêcher de repenser à l’entourloupe que lui a jouée ce ‘’faux cul’’ de Muamar dans le désert.

Le jeune homme va donc rester sur ses gardes toute la saison. Grincheux le Popov est quand même plutôt brave dans l’ensemble et Rémy plein d’humour devient vite le complice d’Ivan, ce qui le rassure. Il offre son aide à Ivan pour lui inculquer le métier, car ce vieux grigou de Popov ne transmet rien. Par contre, il sait râler sur tout le monde.  Il est exigeant et veut que tout soit excellent, tant les repas que les présentations sur les buffets, le service à table, ainsi que les bars qui doivent être aussi fournis qu’efficace à débiter les boissons. De ce fonctionnement aux rouages bien huilés va découler sa notation. Elle est issue des appréciations que les clients enverront au siège, quelques jours après leur retour à la maison. L’Atlantyde, pense à tout depuis longtemps en matière de marketing et a pensé un jour, envoyer des bulletins de notations, qui correspondaient déjà, à nos ‘’avis internet’’ d’aujourd’hui. Popov, parfois irascible, n’échange pas avec grand monde et se moque de très peu communiquer, il ignore l’équipe d’animateurs qu’il ne connait pas et ne veut pas connaitre. Il est là pour le fric, c’est tout ce qui l’intéresse.

Avec le swami grec, il fait toujours le service minimum en termes de politesses. Il n’a rien à craindre de lui, car Popov est proche de la retraite, travaille pour l’Atlantyde depuis trente ans et oh miracle, enfin quelqu’un qui apprécie l’oncle illustre d’Ivan. Popov a été mis au courant par Lucrèce de l’arrivée de son neveu.

Or, quand Paul-Edouard Mary remplissait ses fonctions de chef du personnel (DRH) sur le territoire Européen, il avait recruté le jeune Popov comme cuisinier, puis l’avait fait évoluer vers le poste d’économe dans de grandes structures. De plus, il lui avait favorisé, après huit ans de saisons, son passage ‘’à l’année’’….

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